Histoire

Saturnia (1927)

Saturnia (1927). Source: /www.fincantieri.com/it/gruppo/storia/navi-storiche/

L’immigration italienne au Canada s’étire sur une longue période allant de 1870 à nos jours. Elle a connu différentes phases caractérisées par la diversité de la population italienne, les différentes raisons de leur immigration, leur temps de séjour.

Les Italiens ont commencé à immigrer massivement au Canada après 1870 suite à l’unification de l’Italie en une seule nation telle qu’on la connaît aujourd’hui. À ce moment-là c’étaient plutôt des journaliers, des travailleurs saisonniers spécialisés dans le domaine du chemin de fer, de l’industrie minière et de la construction qui immigraient. Ils étaient recrutés par des agences de main d’œuvre qui les aidaient à organiser leur transport. Il s’agissait surtout d’hommes seuls qui retourneraient en Italie une fois leur contrat terminé. Toutefois, à partir de 1900, ces italiens ont décidé de rester suite au développement des grandes villes pouvant offrir un travail stable à l’année longue.

Salle immigration Pier 21; La salle de bagages au Quai 21 (1965)

Salle immigration Pier 21; La salle de bagages au Quai 21 (1965). Source : Pier21.ca

Entre les deux guerres on assiste à une immigration qui intéresse les familles venant rejoindre leur père ou leur mari. En ce qui concerne l’origine de ces immigrants il faut constater que ce sont en prévalence les familles du sud de l’Italie à laisser leur pays d’origine dû aux graves conditions de pauvreté dans lesquelles ils vivaient. Le voyage durait environ un mois, un mois et demi selon la destination finale. Les italiens rejoignaient le Canada via la mer et débarquaient au port d’Halifax pour poursuivre leur voyage en train

En 1928, pour pouvoir mieux accueillir tous les immigrants en provenance de l’Europe, un nouveau quai, le Pier 21, est bâti au port d’Halifax. Il facilitera le contrôle des documents et grâce à son emplacement à côté de la voie ferrée, il permettra aux immigrants de rejoindre plus facilement leur destination finale.

C’est après la deuxième guerre mondiale et jusqu’en 1970 qu’il y aura la plus importante vague migratoire italienne au Canada. Les nouveaux arrivants seront plus nombreux des compatriotes, amis et parents déjà installés, qui les avaient parrainés. Juste pour avoir un idée en chiffres, en 1911, les Italiens présents sur l’île de Montréal étaient environ 7,000 pour devenir 168,110 en 2016.

L’adaptation n’était pas facile. La langue, les lois, le climat, tout était différent. Se regrouper entre compatriotes et recevoir le soutien des italo-canadiens déjà installés sur place était fondamental pour ceux qui venaient d’arriver. C’est dans ce contexte qu’en 1936 la Casa d’Italia voit le jour, devenant le premier centre communautaire italien à Montréal.

Un agent de douane inspecte les effets personnels (1965). Source : Pier21.ca.

Un agent de douane inspecte les effets personnels (1965). Source : Pier21.ca

Initialement installés dans les quartiers du sud de Montréal, près du fleuve Saint-Laurent, les italiens se déplacent, au fil des années, un peu plus vers le nord dans une zone encore peu urbanisée et qu’on pouvait rejoindre grâce à la ligne 55 du tramway. Là, les prix des maisons étaient moins chers, il y avait des industries qui offraient du travail mais surtout, il y avait de la terre qu’on pouvait cultiver. Cela permettra aux familles d’avoir une certaine autonomie alimentaire en plus de pouvoir cultiver les fruits et légumes qu’on ne trouvait pas à Montréal.        

 

Du point de vue socio-culturel, jusqu’aux années ’70, la famille italienne est basée sur des valeurs religieuses traditionnelles et assignait une place et des tâches bien précises à l’homme et à la femme. Ils ont aussi réussi à conjuguer entre le conflit inter- génération et la rencontre des valeurs québécoises qui s’étaient progressivement libérées des restrictions et ingérences religieuses et qui voyait chez les femmes une lutte pour exiger les mêmes droits que les hommes.

Photo en noir et blanc de plusieurs passagers à bord du MS Saturnia. Ils sont sur le pont du navire. On peut voir des hommes, des femmes et des enfants. Des gens à l’avant tiennent une bouée de sauvetage sur laquelle le nom du navire est écrit (1958).
Photo en noir et blanc de plusieurs passagers à bord du MS Saturnia. Ils sont sur le pont du navire. On peut voir des hommes, des femmes et des enfants. Des gens à l’avant tiennent une bouée de sauvetage sur laquelle le nom du navire est écrit (1958) Source : Pier21.ca
Photographie en noir et blanc de passagers se trouvant à bord du MS Saturnia. La photo a été prise au mois d'octobre 1958. Antony Gatta et sa famille sont assis à une table de la salle à manger (1958).
Photographie en noir et blanc de passagers se trouvant à bord du MS Saturnia. La photo a été prise au mois d'octobre 1958. Antony Gatta et sa famille sont assis à une table de la salle à manger (1958). Source : Pier21.ca

Les années ’80 représentent alors un tournant historique : les deuxième et troisième générations sont plus nombreuses que la première. C’est à ce moment-là qu’elles sont appelées à réunir les deux mondes auxquelles elles appartiennent et à rechercher une nouvelle identité.

Les Italiens ne veulent plus se conformer à l’image mythique et non réelle d’une Italie de l’après-guerre mais ils ne veulent pas non plus vivre en laissant tomber leurs origines italiennes. On assiste donc à une redéfinition de l’identité Italo-canadienne.

Un pressoir à vin dans l’annexe d’immigration du Quai 21 (1965).
Un pressoir à vin dans l’annexe d’immigration du Quai 21 (1965). Source : Pier21.ca
Chargement des bagages à bord du train (1965). Source : Pier21.ca
Chargement des bagages à bord du train (1965). Source : Pier21.ca